10 juin 2023 Ludwig Boudeweel

Nos lycéens se convertissent au patrimoine

À l’initiative de la fondation la Sauvegarde de l’art français, une classe d’un lycée professionnel du Dunkerquois s’est faite ambassadrice du patrimoine religieux local. Un engagement remarquable, au service d’œuvres classées.

« La pression monte. Ils sont dans les starting-blocks. Et ils ont fait des efforts pour s’habiller ! », prévient, émue, Lydie Treutenaere, professeure au lycée professionnel Guynemer, à Dunkerque (Nord), en parlant de ses 14 élèves en classe de menuiserie. Ce jeudi 25 mai 2023, ils s’apprêtent à vivre leur premier concours d’éloquence.

 

Très élégants en effet, Baptiste, Charles, Inès, Kelyo, Lucas, Maxence, Romain ou Shanya vont prendre la parole pour défendre l’une des 10 œuvres – cinq tableaux, deux maquettes, trois statues – sélectionnées par la fondation la Sauvegarde de l’art français, dans le cadre de l’opération « le Plus Grand Musée de France ».

 

Cette initiative, née en 2018, a pour but de transmettre le goût du patrimoine aux lycéens. Après plusieurs semaines d’intense préparation, ils vont décider, par un vote, de l’œuvre qu’ils choisiront pour restauration. L’affaire est sérieuse : le plus persuasif décrochera la subvention de 10 000 € décernée par la fondation.

Curiosité aaiguisée 

« Soyez décontractés comme je le suis, n’ayez pas peur ! », recommande avec humour Thierry Cattoen, le proviseur : il mesure le poids de la responsabilité que vont exercer ses élèves, devant une assemblée exceptionnelle. Une délégation de la fondation est arrivée dès le matin de Paris, avec son président, Olivier de Rohan-Chabot, rejointe par les conservateurs et un restaurateur du département et des représentants de la région, partenaires de l’opération. Les adjoints de Dunkerque, de Pitgam et de Steene, les trois communes candidates, sont aussi présents.

 

Tony se lève et appelle Romain, chargé de défendre deux peintures fixées sous verre, datant des années 1800, conservées dans la chapelle Notre-Dame-des-Dunes de Dunkerque. Il les a découvertes lors d’une visite organisée en mars. Ce jour-là, il a pu les approcher, entendre des habitants raconter leur histoire. « À votre avis, combien coûtera la restauration – 4000, 5000 € ? », questionnait pour chacune Pauline de Poncheville, responsable de l’opération de la fondation.

« La pression monte. Ils sont dans les starting-blocks. Et ils ont fait des efforts pour s’habiller ! », prévient, émue, Lydie Treutenaere, professeure au lycée professionnel Guynemer, à Dunkerque (Nord), en parlant de ses 14 élèves en classe de menuiserie. Ce jeudi 25 mai 2023, ils s’apprêtent à vivre leur premier concours d’éloquence.

 

Très élégants en effet, Baptiste, Charles, Inès, Kelyo, Lucas, Maxence, Romain ou Shanya vont prendre la parole pour défendre l’une des 10 œuvres – cinq tableaux, deux maquettes, trois statues – sélectionnées par la fondation la Sauvegarde de l’art français, dans le cadre de l’opération « le Plus Grand Musée de France ».

 

Cette initiative, née en 2018, a pour but de transmettre le goût du patrimoine aux lycéens. Après plusieurs semaines d’intense préparation, ils vont décider, par un vote, de l’œuvre qu’ils choisiront pour restauration. L’affaire est sérieuse : le plus persuasif décrochera la subvention de 10 000 € décernée par la fondation.

 

Curiosité aiguisée

« Soyez décontractés comme je le suis, n’ayez pas peur ! », recommande avec humour Thierry Cattoen, le proviseur : il mesure le poids de la responsabilité que vont exercer ses élèves, devant une assemblée exceptionnelle. Une délégation de la fondation est arrivée dès le matin de Paris, avec son président, Olivier de Rohan-Chabot, rejointe par les conservateurs et un restaurateur du département et des représentants de la région, partenaires de l’opération. Les adjoints de Dunkerque, de Pitgam et de Steene, les trois communes candidates, sont aussi présents.

 

Tony se lève et appelle Romain, chargé de défendre deux peintures fixées sous verre, datant des années 1800, conservées dans la chapelle Notre-Dame-des-Dunes de Dunkerque. Il les a découvertes lors d’une visite organisée en mars. Ce jour-là, il a pu les approcher, entendre des habitants raconter leur histoire. « À votre avis, combien coûtera la restauration – 4000, 5000 € ? », questionnait pour chacune Pauline de Poncheville, responsable de l’opération de la fondation.

 

Sainte Cécile restaurée charmera-t-elle l’église Saint Folquin de Pitgarn.• ROMAIN BASSENNE / FONDATION POUR LA SAUVEGARDE DE L’ART FRANÇAIS

À cette occasion, la jeune femme a déployé une pédagogie efficace pour enrichir le vocabulaire technique des lycéens et leur forger une petite culture religieuse. La curiosité aiguisée, les élèves ont noté avec soin les matériaux utilisés, dates de création, noms des artistes et les coûts estimés pour leur restauration.

 

Accrocher l’attention

« Mes camarades, mesdames, messieurs, bonjour ! » Romain, d’un ton assuré, se lance. Le premier tableau à défendre représente la goélette Le Commerce, « qui, lors d’une pêche en Islande, a rencontré une tempête en 1839 qui a coûté la vie à deux marins ». Le second représente le trois-mâts La Flèche, « qui a fait naufrage près de Calais, mais qui a eu la chance de ne perdre aucun de ses hommes ». La présentation, très travaillée, est remarquable. L’orateur nous plonge dans l’histoire des pêcheurs de Dunkerque, que leur a racontée Jean-Pierre Melis, de la Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie.

 

Romain a soigné son introduction pour accrocher l’attention : « Il y a presque un an, trois jeunes Dunkerquois de 21 ans ont parcouru l’Islande à vélo afin de rendre hommage aux pêcheurs dunkerquois morts en mer. Ils ont déposé un bocal symbolique rempli de sable de notre plage dans un village où 49 pêcheurs, dont certains du Nord, reposent. » Si cette histoire lui a plu, il y voit surtout « un exemple d’engagement de jeunes de notre âge ».

 

Il en appelle à l’esprit citoyen de ses camarades : « Controns ensemble l’oubli en restaurant ces œuvres qui sont la mémoire de Dunkerque, votre histoire ; et, à la place d’un bocal de sable, offrons-leur une place pour toujours au travers de ces tableaux, sur le mur de la chapelle, afin qu’ils soient regardés et leur histoire entendue de tous visiteurs. » Fin de la plaidoirie, « un entraînement pour le bac », confie-t-il, fier de lui.

 

« Ils s’appelaient Merlen, Zonekindt, Deligny, Banquart, Wadoux… des noms de grandes familles de marins de notre ville, peut-être l’un de vos ancêtres ou de la famille de ceux qui ont offert ces ex-voto à Notre-Dame, mais en tout cas ils appartiennent à la même communauté », commence Charles, descendant de l’un de ces Dunkerquois disparus en mer.

 

Le Baptême du Christ mériterait aussi de retrouver sa splendeur.• ROMAIN BASSENNE / FONDATION POUR LA SAUVEGARDE DE L’ART FRANÇAIS

Il a choisi de défendre les deux coques, retrouvées en piètre état par l’association des Amis de la petite chapelle Notre-Dame-des-Dunes. « Imaginez-les restaurées, leur splendeur retrouvée, suspendues parmi les autres modèles, à ce plafond étoilé. Cela permettrait d’accentuer cette ambiance poétique qui règne dans cette chapelle, le foyer des marins de Dunkerque. Nous avons tous été séduits et il est certain que d’autres jeunes le seront également. » Les applaudissements fusent.

 

Un nouvel intérêt

Inès s’avance, émue ; elle doit convaincre ses pairs de restaurer la statue de sainte Cécile, son « coup de cœur » dès qu’elle l’a aperçue dans l’église Saint-Folquin de Pitgam : « Je ne voyais qu’elle. » Elle a aimé sa grâce et ses traits délicats. Surmontant sa timidité, Inès raconte qu’elle a découvert son histoire de martyre et combien elle est touchée par ce « destin de femme, mais aussi d’une communauté religieuse ».

 

Mais la statue est amputée de deux doigts, et l’arrière de sa tête s’est décollé. Elle mérite l’attention de tous ! « Je suis sûre qu’elle peut séduire d’autres ados et pourquoi pas développer un intérêt pour l’art, ce qui est d’ailleurs notre mission. Imaginez quelle noblesse elle donnerait à cette petite église charmante de Saint-Folquin ! » Ses arguments font mouche.

 

En mars, lors de la visite de l’église de Steene, Maxence, lui, s’est laissé toucher par les grands tableaux aux couleurs ternies par le temps : l’Adoration des Mages, l’Ascension et la Résurrection. C’est ce dernier qu’il a souhaité défendre. Il ne tait pas son manque d’enthousiasme initial pour l’art, notamment religieux, mais ce projet l’a mis en présence d’œuvres sur bois, un matériau qu’il apprend à travailler.

Il y a trouvé un nouvel intérêt. « Ce tableau a convaincu le plus récalcitrant à l’art et l’histoire religieuse : moi ! », annonce-t-il, suscitant une joyeuse réaction dans la salle. Le voilà ambassadeur de l’art sacré ! Et visiblement, il a aussi acquis l’art de la formule : « Comme le Christ, offrons à ce tableau qui a tant souffert du temps la plus belle des résurrections ! »

« Des citoyens de demain »

Les suivants usent d’autres arguments. À l’issue du grand oral, le proviseur les félicite : « Je reste sans voix. Bravo ! » D’autant que la majorité d’entre eux n’ont jamais mis les pieds dans un musée ni dans une église. Son ambition, pour les 300 jeunes de son lycée, représentant 30 nationalités différentes, est « de former des citoyens de demain ouverts à la culture et à l’art ». Il peut être confiant.

 

En attendant que chaque élève passe dans l’isoloir, on échange entre voisins. Thierry Cléton, directeur délégué aux formations, avoue : « Ils m’ont arraché les larmes. » Benoît Pateynote, inspecteur : « Ils témoignent d’une sensibilité que l’on n’imagine pas. » Thomas Monin, élu de Pigam et fondateur de l’Association 1072, créée pour la sauvegarde de l’église Saint-Folquin, a « l’impression de passer un examen ». Il sait la valeur de la subvention en jeu pour sa commune de 985 habitants.

 

La proclamation des résultats s’annonce, fin du suspens. Les deux coques emportent de quelques voix la faveur des jeunes. Sainte Cécile sera l’œuvre repêchée si la restauration des deux autres reste en dessous des 10 000 €.

 

Du côté des professeurs, la pression retombe : Lydie Treutenaere (lettres et histoire), Isabelle Dhainaut (arts plastiques) et Stéphane Chapon (mathématiques) n’ont eu de cesse d’accompagner le travail des élèves depuis neuf mois. « Nous essayons de les rendre acteurs de nos cours. Si nos enseignements sont trop distants et loin d’eux, ça ne marche pas », explique Lydie Treutenaere. Sa joie ? « Voir la fierté des élèves. » Pour Pauline de Poncheville, cette édition est de grande qualité.

 

Le président de la fondation avoue être « impressionné par la qualité du regard et de l’intérêt de ces jeunes. Ils ont ouvert des portes sur eux-mêmes et pour eux-mêmes ». Mission réussie ! Voilà bien un argument pour déployer l’initiative. Treize classes ont été accompagnées depuis 2018, et la fondation espère arriver à 20 en 2024. Reste à trouver quelques mécènes pour les suivre dans cette aventure enthousiasmante !

 

 

 

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